Mais des luttes, notre enfant n’en était pas encore consciente, admirative de la beauté du monde, elle ne pouvait pas imaginer que certain.es pouvaient, par cupidité, détruire cet environnement enchanteur.

Elle fut éblouie, à l’aube, par le spectacle des oiseaux Afetar, ses yeux, encore entrouverts une milliseconde plus tôt, béants devant les myriades de couleurs. Jamais n’aurait-elle pu imaginer telle magnificence provenante de l’ingénuité de la nature. Tellement, qu’elle ne vit guère les nouveaux et nouvelles arrivant.es, débarquant.es de leur chaloupe sur la plage. Ni le navire, au loin, ressemblant à un gardien antique des mers, à la proue en forme d’une créature maritime élégante, un Balfin aux yeux verts et à la peau de bronze. Sur le drapeau, une chimère de merveilles océaniques était dessinée sur un bouclier chaleureux. Je laisse à votre imagination le soin de reconnaître les différentes espèces représentées, bien que je doute que vous en connaissiez une.

Quand le-dit théâtre iridescent fût terminé regarda-t’elle autour, remarquant ainsi de nouvelles têtes discutantes avec celles connues. De leurs gestes, ces personnes semblaient demandées de l’aide, et, à sa surprise, elle reconnut une langue connue provenante d’un juron roulé entre deux postillons.

« merde ! Y a personne pour venir en aide à ce vieux briscard, alors ? »

Un homme, d’un âge assez avancé pour paraître vieux, avait l’air agacé du refus sans équivoque des membres de Parte. La gamine, intriguée, s’approcha, et d’une voix timide, demanda à cet homme, le seul paraissant pouvoir communiquer avec elle avec aise, de quoi il s’agissait.

« J’ai besoin de matelots pour la prochaine mission. Les flots s’agitent, les Balfins semblent apeurés. Ça sent la chasse. La population de cette zone géographique a développée un phénotype quelque peu différent de celui de leurs confrères, ce qui en fait une espèce recherchée… L’avidité des êtres humains…. Et nous, ben, on est plus assez pour effectuer leur protection sans danger…. Alors on vient demandé.es un coup de main »

Notre jeune amie, l’oreille grande ouverte à l’idée de nouvelles aventures, ne pût se retenir de crier : « Je veux bien venir, moi ! »

Mais à ce son, le ciel se couvrit de nuages noirs, la pression atmosphérique se chargeante sans crier gare. En effet, notre amie Elfe n’apprècia guère entendre cet exclamation, car bien trop de périls attendaient cette expédition, et l’enfant était bien jeune pour en entrevoir les vérités, trop innocente pour s’y confronter.

« Dowe ! Calme toi, s’il te plait ! Il n’est guère lieu de se battre entre nous ! Je reconnais que la gamine n’est qu’un p’tit bout, et j’vois pas en quoi elle nous sera utile. Mais c’est aussi une forme d’apprentissage que d’faire face aux torpilles ! Et au vu de ses yeux et son énergie, il y a moyen qu’elle soit une Gégie ! Le danger ne lui sera que formateur, aucunes chances qu’elle n’en meurt. » Ainsi répondit le vieux lascar, tout en se préparant au départ, dans la langue de Dowe, laissant la gamine désavouée.

Le ciel, à ces mots, se découvrit lentement, laissant apparaître le navire chancelant, les vagues se calmantes doucement, l’océan recouvrant son juste élan. Alors, l’équipage, déçu par le refus de leurs ami.es, têtes baissées mais au courage raffermi, reprit sa chaloupe vers le Bermer, observant cette nouvelle équipière, qui, les yeux luisants d’anticipation, ne put s’empêcher une éructation. Mais, non habituée à la houle comme elle était, ce fût un miracle qu’un vomi eût été évité.

Enfin, elle mît pieds à terre en mer sur le Bermer. Et ne pût s’empêcher de crier de surprises aux nombreuses curiosités composantes un navire digne de ce nom. Elle avait envie de courir partout, pour observer chaque cordage, tonneau, coin, cabine, morceau de bois, noeud…… sur lequel son regard se posait. Mais la main du cap’tain la retint, car sur un bateau, des règles il faut respecter. Comme ne pas courir partout, au risque de passer par dessus bord ou de se prendre les pieds dans un corde…. Ou ne pas gêner les marins effectuant leur tâche. Ou encore, ne pas percer le tonneau d’eau potable…. Enfin, une abondance de choses à retenir abondèrent dans le cerveau de l’enfante, mais je ne pense pas qu’elle réussit à tout retenir…. Ce n’était d’ailleurs guère important, car, par habitude, elle avait apprise à observer avant d’agir, et même si son excitation risquait de la submerger, elle ne voulait risquer que le navire, lui, soit immergé.

Et la patience se montra récompensante, une visite guidée bénéficia-t-elle séance tenante. Elle découvrit « sa » cabine, ou plutôt son hamac, au milieu du dortoir. Elle entrevit la salle des cartes, les cales, et les autres pièces communes à tout navire. Elle pût jouer avec la barre avant que l’ancre ne soit levée (avec douceur, tout de même), monta jusqu’au nid de corbeau, et pût manger un poisson fraîchement péché et frit dans la cuisine….

Notre petit groupe était donc prêt à (re)prendre son chemin marin, pour aller sauver les doux Balfins. Et notre enfant découvrait la mer, l’embrun, l’air salé et la houle, le cri des oiseaux marins, les chants des loups des mers ivres, et tout ce qui a attrait à la vie sur un vaisseau.


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